Dressage méthodique du cheval » décrit la marche générale à suivre pour dresser un cheval en mode bauchérisme deuxième manière. « Marche générale » car dans l’avant-propos, Faverot de Kerbrech précise (en parlant de Baucher) :
« Il préfèrait du reste poser des principes généraux, disant que c’était aux professeurs formés directement à son école à montrer comment les appliquer dans les mille cas particuliers que fait naître la pratique. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Pour remettre les choses en contexte : Baucher (écuyer du 19ème siècle) écrit et réédite plusieurs fois sa « première manière ». Bien plus tard, Baucher, vieux et fatigué (un lustre lui est tombé dessus et monter à cheval est désormais douloureux pour lui), ne donne plus de représentation ni de cours, sauf à un cercle très réduit de proches. Faverot de Kerbrech fait partie de ce cercle d’intimes. Il note scrupuleusement, et propose cette version de la deuxième manière du Maître.
Résumé du livre
Définitions, but du dressage, principes généraux
Quatre mots sont définis : action, position, mouvement, équilibre. A lire pages 3 et 4 (il est difficile de résumer des définitions).
Le but du dressage :
« Tout cheval de selle doit en effet être rendu facile et agréable à monter, régulier dans ses allures, docile, franc, et aussi brillant que le comporte son ensemble. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Autrement dit, il faut que le cheval soit léger à la main, dans une bonne rectitude, qu’il conserve son équilibre sans que le cavalier le porte. Et l’expression « Aussi brillant que le comporte son ensemble » est expliquée comme suit :
« Il faut qu’on puisse à volonter l’asseoir, grandir ses mouvements et relever ses allures. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Les principes généraux suivants sont énoncés et détaillés.
1. De la légèreté et du ramener
La légèreté est expliqué de cette façon :
« La légèreté se reconnaît donc à l’absence de résistance aux effets de mors de bride ou de filet ; la simple demi-tension d’une ou de deux rênes doit provoquer la mobilité moelleuse de la mâchoire sans que la tête bouge, sans que l’ouverture de la bouche soit sensiblement apparente. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Et le ramener de celle-ci :
« La conséquence de la décontraction complète de la mâchoire est le ramener, qui s’obtient alors pour ainsi dire de lui-même »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
La décontraction est donc préalable à tout le reste, toute demande au cheval doit être précédé d’une vérification de cette « mobilité moelleuse de la mâchoire », et lorsque des résistances surviennent, il faut re-décontracter le cheval en adaptant le moyen au type de résistance) :
- Les résistances de poids (en gros, le cheval met tout son poids vers le bas) sont à combattre par le demi-arrêt pour relever le cheval et le rasseoir sur les hanches.
- Les résistances de force (en gros, le cheval tire sur le mors en sortant de la main) sont à combattre par la vibration
2. De l’obéissance aux jambes et de l’effet d’ensemble sur éperon
Le cheval doit également être léger aux jambes, c’est à dire qu’il doit répondre à toute action de jambes instanément. Les actions de jambes peuvent être simultanées, pour porter le cheval en avant, ou isolées, pour déplacer la croupe de côté. Pour enseigner au cheval à répondre instantanément, il faut effectuer la demande avec le haut de la tige de la botte sans opposition de main, et, si la réponse ne vient pas, augmenter la demande du pincer de l’éperon. Ce dernier outil étant à utiliser avec discrétion :
« Il faut cependant redoubler de tact dans l’emploi des petits attaques, et n’en faire usage qu’avec discrétion, afin de ne pas provoquer de fouaillements de queue. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Avant d’utiliser l’éperon, il faut le faire découvrir au cheval (un peu comme on fait découvrir le mors au cheval au moment du débourrage). Alors seulement, il est prêt à recevoir les « petits attaques » pré-citées.
On peut alors ensuite utiliser l’effet d’ensemble sur éperon, l’outil ultime pour résigner un cheval à l’obéissance :
« On est ainsi absolument maître d’empêcher toute défense, et de conduire son cheval où on le veut et à l’allure qu’on désire, quel que soit son mauvais vouloir ou l’objet qui l’effraie. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
3. Du cheval droit
« Une des plus grandes difficultés équestres est d’obtenir et de conserver sans cesse le cheval bien droit d’épaules et de hanches. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Et on a besoin de cette rectitude pour assurer un bon équilibre au cheval.
Pour cela, le dresseur doit rester toujours attentif à garder les épaules du cheval devant les hanches.
Pour les chevaux qui se ploient plus facilement à une main qu’à une autre (c’est à dire tous), le pli inverse est le meilleur moyen de les redresser. Pli inverse ou contre-pli, par exemple : le cheval est sur un cercle à main droite mais le cavalier peut voir son oeil gauche)
4. Des descentes de main et de jambes
On veut « amener l’animal le plus vite possible à se passer du secours des aides« . Pour ce faire, on pratique dès que possible des descentes de main et de jambes, qui sont d’abord courtes et incomplètes, puis deviennent rapidement entières et longues
5. Du rassembler
« Un cheval n’est pas vraiment dressé, si le cavalier n’a pas la facilité de le rassembler à son gré pour l’asseoir aux diverses allures, et le rendre ainsi plus agréable, plus sûr et plus brillant. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
La demande de rassembler a pour conséquence l’engagement des membres postérieurs sous la masse, et l’élévation des mouvements.
Le piaffer est la forme la plus complète du rassembler.
On demande le rassembler d’abord à pied, puis en selle.
Il ne faut pas confondre l’effet d’ensemble et le rassembler : l’effet d’ensemble calme, le rassembler anime.
Première partie : préparer
Cette première partie concerne le travail en main préalable au travail monté. Il se conclut d’ailleurs par la leçon du montoir.
Flexions – Travail à la cravache – Emploi de la chambrière
3 façons d’agir avec le filet :
- Pour donner la direction
- Le demi-arrêt, pour lutter contre le poids
- La vibration, à utiliser quand la bouche se contracte et résiste
Préalablement aux flexions, le cheval doit apprendre :
- à élever l’encolure le plus possible : le cavalier se place face au cheval, et en tenant les rênes près des anneaux du mors, étend l’encolure et la tête vers le haut et vers l’avant.
- à marcher en avant au contact de la cravache sur le poitrail.
- à reculer le cheval, le cavalier face au cheval effectuant une action sur le mors de filet, dont il augmente l’intensité jusqu’à ce que le cheval effectue un pas en arrière
Ensuite, viennent les flexions, dont le but est d’obtenir la légèreté.
On dénombre 5 flexions préparatoires (numérotées de A à E) :
- Avec les deux rênes de bride
- Avec les deux rênes de filet
- Avec une rêne de filet et celle de bride du même côté
- Avec les deux rênes de filet, pour obtenir un huitième de flexion d’encolure
- Avec les deux rênes de la bride, l’une d’elles étant passée par-dessus l’encolure
Une fois ces flexions préparatoires comprises, on n’en utilise plus que deux :
- Flexion directe de la mâchoire, grâce à une action sur les deux rênes simultanément
- Flexion semi-latérale de mâchoire ou d’encolure, grâce à une action sur une seule rêne à la fois
Avec ces outils, on revient aux exercices de la Marche en avant et du reculer pour les perfectionner. Puis on commence les pas de côté (les épaules doivent bien précédées les hanches), les pirouettes renversées (ou hanches autour des épaules), les pirouettes ordinaires (épaules autour des hanches).
On travaille toujours dans une recherche de légèreté, l’objectif est que le cheval exécute le mouvement sur une simple indication gestuelle du cavalier, sans contact.
Le rassembler se demande d’abord à pied, mais il est préférable d’avoir commencé le travail monté d’abord, et que le cheval soit capable d’être ramené au pas et au petit trot.
Habituer le cheval au bruit du fouet, aux trucs flippants, à se laisser ferrer, etc. fait partie intégrante du travail à pied. Il est important d’effectuer ces exercices en gardant un regard bienveillant sur le cheval :
« Le regard est d’une importance extrême dans toutes ses pratiques. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Progression du rassembler :
- Commencements par la chambrière sur les pistes
- Commencements par la cravache sur les pistes
- Rassembler au milieu du manège par la chambrière
- Rassembler au milieu du manège par la cravache
A mesure du travail quotidien, le rassembler se rythme de lui-même pour devenir le piaffer.
REVOIR Les recommandations générales
Equitation de fantaisie – allures artificielles
Il est précisé que les allures présentées dans cette partie ne sont pas indispensables au dressage :
« Un cheval peut être parfaitement équilibré et complètement dressé par ailleurs sans faire ni trot ni pas espagnol, et sans même avoir appris à lever les membres de devant à la volonté du cavalier. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Ils présentent tout de même des avantages appréciables. Par exemple, voici ce qui est écrit à propos du trot espagnol :
« Le trot espagnol est le plus puissant moyen de donner aux mouvements des épaules leur extrême développement. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
- Piaffer. On recherche un piaffer dans lequel les membres s’élèvent un peu plus à chaque séance. Pour relever les membres de devant, on touche le cheval au poitrail avec la cravache ; pour raviver l’activité de l’arrière-main, on touche la croupe;
- Passage. Trot en arrière. Un piaffer qui avance devient le passage. Un piaffer qui recule devient le trot en arrière.
- Extension complète et horizontale de chacun des membres de devant au moyen de la cravache. Autrement appelé « Jambette ». On touche l’avant-bras d’un antérieur jusqu’à ce que le cheval le soulève un peu. A mesure que le cheval s’habitue à l’exercice, on exige du cheval qu’il soutienne, étende et élève davantage son antérieur. L’exercice est bien entendu à réaliser aux deux mains.
- Pas espagnol. Sur la piste en main, demander la légèreté, puis l’extension d’une jambe tout en avançant, arrêter, rétablir la légèreté si nécessaire. Recommencer pour l’autre jambe. A mesure que le cheval prend de l’aisance, essayer de l’obtenir en utilisant la cravache le moins possible.
- Trot espagnol. On augmente la vitesse en frappant le poitrail, et on rapproche les battues de pas espagnol de manière à obtenir insensiblement la naissance du trot.
- Trot à extension soutenue. On cherche à accélérer encore les battues sans altérer la projection et l’horizontalité des membres. S’obtient mieux à cheval.
Leçon du montoir
Le cheval est travaillé sellé, dans le manège, sur la piste. Sur la tête, on utilise soit la bride seule, soit la bride et le caveçon. On apprend au cheval à supporter de se laisser tirer la crinière ; à accepter que l’on fasse du bruit avec ses étrivières ; que le cavalier mette le pied dans un étrier, puis s’enlève sur l’étrier, puis passe la jambe pour s’asseoir à califourchon. Une fois que le cavalier peut s’asseoir, il demande au cheval de marcher, le départ devant être calme et régulier. On répète la séquence sur la piste autant que c’est nécessaire, puis on la demande sur la ligne du milieu ; puis en bride uniquement (sans le caveçon) sur la piste ; puis en bride au milieu du manège.
Faire demander par un aide à cheval le travail enseigné à pied. Leçon de l’éperon.
Une fois la leçon du montoir acquise, le cavalier fait monter un aide sur le cheval.
L’aide a pour consigne de se laisser porter sans agir en rien sur l’animal. Le cavalier redemande à pied tous les exercices vus précédemment, pour familiariser le cheval avec le poids de l’homme.
On habitue également le cheval progressivement à l’appui de l’éperon.
Deuxième partie : préparer (suite)
Recommandations générales
- Utiliser l’effet d’ensemble sur éperon pour prévenir et empêcher toute défense
- La cravache pour punir un cheval qui se défend n’est pas indispensable lorsqu’on peut utiliser l’effet d’ensemble
- Il faut à tout prix éviter les actions qui provoquent des fouaillements de queue. Si les éperons provoquent des fouaillements, employer un outil plus doux, ou l’employer avec plus de douceur. Ne pas demander le piaffer tant que le cheval fouaille de la queue.
- Le buts des procédés de dressage de cette partie est de parvenir à équilibrer le cheval en relevant l’encolure afin de faciliter le report de poids de l’avant vers l’arrière-main.
- Pour faciliter la compréhension du cheval, appliquer dès le début « Jambes sans main, main sans jambes«
Je reviens un peu sur le fouaillement de queue parce que j’ai trouvé cette partie très intéressante. En voici un extrait :
« Ils [les fouaillements de queue] ne proviennent que d’une mauvaise contraction des muscles de la croupe. Si cette partie ne se contracte que pour pousser en avant, ils ne se produisent pas. Il faut donc éviter le plus possible d’opposer la main aux jambes, tant qu’il y a fouaillement, afin de donner plus facilement aux forces la direction d’arrière en avant.
Quand le cheval ne revient plus sur lui à l’approche des jambes, ou des éperons, et que, à ces actions, les jarrets s’engagent bien franchement pour pousser, le fouaillement disparaît. C’est qu’il n’y a alors plus dans la croupe que les contractions propres à produire l’impulsion. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Faverot de Kerbrech insiste à plusieurs reprises dans le travail à pied sur l’importance d’éviter ce qui produit des fouaillements de queue. Il en donne la raison ici, et si je comprends bien, c’est toujours dans l’objectif d’une décontraction totale du cheval dans son travail.
Travail préparatoire au milieu du manège
On demande la légèreté dans le travail monté comme dans le travail à pied : par une demi-tension de rênes. Les résistances de force et de poids se combattent également de la même façon.
On demande la légèreté d’abord à l’arrêt au milieu du manège. D’abord sur les rênes de filet, puis les rênes de bride. Puis sur chacune des rênes employée isolément. Ensuite on la demande en marchant, la main étant la seule aide utilisée pour demander la cession de mâchoire.
Demander le reculer par une élévation de la main qui force le cheval à reporter le poids en arrière. Céder au premier pas. Décontracter à chaque pas.
Demander les pas de côté, toujours avec les épaules devançant légèrement les hanches.
Demander les pirouettes renversées (hanches autour des épaules) et ordinaires (épaules autour des hanches).
Au pas
« On doit s’efforcer dès le premier jour de maintenir toujours le cheval droit d’épaules et de hanches. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
On travaille la légèreté au pas sur la piste. Dans les débuts, si une résistance est rencontrée, on décompose : on arrête le cheval, on redemande la légèreté à l’arrêt, et on repart au pas. Ensuite, il faut pouvoir retrouver la légèreté en restant au pas. Dès que le cheval est léger, on rend les rênes sans cesser d’être attentif.
Descentes de main : de temps en temps, on rend les rênes et on les reprends dès que le cheval change la position de sa tête, ou accélère l’allure. Il faut effectuer cela à l’arrêt et au pas.
Travailler à passer du pas au reculer.
Effectuer de petits cercles par la rêne intérieure, mais aussi par la rêne extérieure.
Travailler la serpentine, surtout demandée par la rêne extérieure.
Effectuer des pas de côté (cession à la jambe).
Demander la tête et la croupe au mur. Dans ces deux exercices, l’action des rênes doit remplacer progressivement l’action de la jambe isolée. L’action des jambes et des mains ne doit pas être continu, il doit être intermittent.
Demander l’appuyer en commençant deux pas par deux pas.
On démarre les pirouettes en les décomposant : un pas de pirouette, arrêt, légèreté, rebelote. Bientôt on fera la pirouette par quart, puis par moitié. On doit parvenir à ce que le cheval fasse la pirouette seul, en descente de main, une fois que le cavalier a initié la demande.
Les voltes, demi-voltes, et demi-voltes renversées se demandent de deux pistes, et également en décomposant.
Demander régulièrement le reculer, le demander de plus en plus longtemps.
La foule : tourner très court dans tous les sens en évitant la piste. Si la bouche et la direction sont ok, essayer des descentes de main. Essayer également les variations suivantes :
- la foule avec les jambes seules, celle du dedans devant permettre de tourner
- la foule en exécutant tous les airs de manège de deux pistes
- la foule en remplaçant les tourner par des pirouettes ordinaires
Pour arriver au ramener, il faut que la mâchoire cède d’abord, sur une encolure haute.
Au petit trot
Une fois le pas très léger, reproduire au petit trot tout le travail effectué au pas, dans le même esprit, c’est à dire en décomposant dans les débuts, puis on cherche à fluidifier le geste très progressivement.
Quelques exercices sont spécifiques au travail au trot :
- Les transitions arrêt-trot et trot-arrêt
- La foule au trot uniquement par les jambes, rênes sur le cou tant que le cheval ne précipite pas l’allure
- Passer du petit trot au reculer en recherchant la fluidité du mouvement (le moins de temps d’arrêt possible)
- Le cheval étant capable d’exécuter le reculer en descente de main, faire la foule en arrière en tournant uniquement par les jambes
Du rassembler
« Ne jamais demander le rassembler avant que la légèreté soit parfaite »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Le cheval étant bien droit et léger sur la piste, on commence à demander le rassembler par une vibration alternée des deux jambes, en retenant doucement de la main. Dès qu’il y a la moindre mobilité des extrémités, on rend les rênes.
Troisième partie : assembler
Départ et travail au galop
« Quand le rassembler à pied est devenu très facile, quand le ramener est bien fixe au pas et au petit trot, et enfin quand on obtient à cheval des commencements de rassembler, c’est le moment d’essayer les départs au galop. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Pas de recherche de rassembler au galop tant que le cheval n’est pas familiarisé avec cette allure. Demander d’abord seulement des départs au galop, repasser au pas après quelques dizaines de foulées. Si l’on sent que le cheval va partir à faux, il faut arrêter le cheval, empêcher le mouvement de s’achever. Le timing est important, car arrêter le cheval une fois qu’il est bel et bien parti à faux est une mauvaise chose.
Une fois que le cheval part très bien à juste et ne varie pas l’allure du galop (ne ralentit pas ou n’accélère pas tant qu’on ne lui demande rien), il faut obtenir les départs au galop à faux.
Lorsqu’on sent que le cheval se traverse, il faut l’arrêter, le redresser, demander la légèreté, et repartir. Le cheval progressant, on lui demandera de se redresser tout en restant au galop.
« Dès qu’on a une belle légèreté au galop, essayer des descentes de main et les répéter souvent. » Utiliser le moins de main et de jambes possibles au galop.
Passer du galop au reculer par élévation des mains. Après le reculer, arrêter et repartir aussitôt au galop.
Le cheval léger, lui faire exécuter des cercles de petit diamètre par la rêne du dehors : bout du nez légèrement vers le dehors, avant-main vers le dedans.
Exécuter le travail de deux pistes au galop. Commencer par la tête et la croupe au mur.
Travailler le changement de main dans la diagonale (diagonale de deux pistes au galop). Commencer en demandant le mouvement depuis le pas, puis en repassant au pas après quelques foulées. Arriver progressivement à exécuter toute la diagonale.
Exécuter des demi-voltes de deux pistes au galop.
Arriver à la Pirouette au galop par des petites demi-voltes ordinaires de deux pistes commencées au pas, terminées au galop.
Parvenir à demander le départ au galop par la main seule, sans se servir des jambes. Pour cela, donner des demi-arrêts de manière à alléger l’avant-main sans ralentir l’allure.
« Ce travail, très délicat, est extrêmement important. Il apprend à agir sur le poids sans prendre sur la force qui pousse ; car tant que les demi-arrêts combattent seulement le poids, ils ne diminuent pas l’impulsion, mais, dès qu’ils agissent sur la force, ils ralentissent ou même arrêtent. On doit en résumé chercher à enlever le cheval sans diminuer la vitesse. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Puis, parvenir du galop au reculer également par la main seule. Dans la même veine, il faudra aussi travailler le galop de deux pistes sans les jambes.
Ensuite, l’inverse devra être travaillé : le départ au galop par la jambe seule, rênes à la couture. Dès qu’on obtient des départs au galop par la jambe seule, les alterner avec les départs par la main seule.
Enfin, demander le départ au galop par les aides latérales du côté opposé au pied demandé. Par ex, demander un départ à droite par la main et le pied gauches.
Du grand trot
On travaille le grand trot quand le travail au galop prend forme :
« C’est le moment de l’exercer [le cheval] à détendre de temps à autre tous ses ressorts en s’efforçant de le maintenir néanmoins léger et ramené. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Commencer d’un petit trot qu’on allonge en grand trot. Si le cheval a dû mal à maintenir le trot après une longue période d’exercices au galop, il ne faut plus lui demander de galop jusqu’à ce que la qualité du trot soit rétablie.
Des changements de pied au galop
Démarrer l’apprentissage des changements de pied à partir d’un changement de main au galop : demander en arrivant sur la piste opposé. Quand le cheval exécute facilement les changements de pied après un changement de main dans la diagonale, il faut le demander sur la piste.
Ensuite, demander le changement de pied par la rêne et la jambe du côté du pied demandé – en le demandant par la jambe opposée (la jambe droite pour exécuter un changement de pied de gauche à droite) aussitôt suivi d’un petit demi-arrêt sur la rêne à la même main (droite, en l’occurence). Si le cheval accélère au moment de changer de pied, arrêter, décontracter, recommencer.
Ensuite, essayer de changer de pied sans le secours des jambes. Cela permet d’avoir des postérieurs qui ne changent pas de pied avant les antérieurs. On le demande par des petits demi-arrêts sur la rêne du côté du pied demandé. Si les demi-arrêts incitent le cheval à réduire l’impulsion, effectuer la demande à l’aide d’une vibration. En perfectionnant le dressage, on doit arriver à demander les changements de pied par de simples indications de rênes, sans avoir besoin de demi-arrêts ou de vibration.
On en arrive alors aux changements de pied par les jambes seules. Dans un premier temps, demander avec les rênes semi-tendues de façon à rester prêt à agir si le cheval accélère. Au fur et à mesure de la progression, demander avec les rênes de plus en plus relâchées, jusqu’à pouvoir les laisser sur le cou. Entrêmeler ce travail avec les changements de pied par la main seule.
Lorsque le cheval sait exécuter de façon irréprochable les changements de pieds isolés aux deux mains, on aborde les changements de pieds rapprochés. Pour le cheval, c’est pas trop difficile : s’il est bien préparé, il réussira à exécuter l’exercice à des intervalles de plus en plus rapprochées. Côté cavalier, le travail est très exigeant en termes de tact et de finesse. La recommandation : « Ne pas se presser ; donner la position et laisser faire le cheval. » Ne pas hésiter à bien enlever l’avant-main par un demi-arrêt énergique. Si le cheval accélère, si l’équilibre s’altère, arrêter, décontracter, recommencer. Ne pas demander ce travail à un cheval fatigué, énervé, en sueur.
« Que ce soit pour lui un jeu entremêlé de repos et de récompenses. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Du galop allongé
La légèreté et le ramener étant constant au galop, il faut allonger progressivement l’allure. Le cheval ne doit pas devenir pesant à la main pendant l’allongement. On doit ensuite apprendre au cheval à s’arrêter de puis le grand galop. On doit parvenir à passer du grand galop à l’arrêt par un simple effet de main.
Des sauts d’obstacles
Il faut au préalable faire sauter le cheval en longe et en liberté tous les types d’obstacles.
On ne commence les sauts d’obstacles monté que lorsque l’effet d’ensemble est bien compris. Car alors on est sûrs de pouvoir amener le cheval vers n’importe quel objet, même s’il l’appréhende.
Habituer le cheval aux bruits de guerre et aux objets effrayants
Pour familiariser le cheval avec ce qui l’inquiète, procéder toujours avec une gradation dans l’approche de l’objet : par exemple, pour habituer le cheval au tambour, commencer par quelques coups de tambours, tambour arrêté d’abord, puis en marchant vers le cheval. On évite d’obliger le cheval à aller vers l’objet qui l’inquiète. On passe et on repasse devant plusieurs fois, loin d’abord, puis en se rapprochant insensiblement de plus en plus.
Commencer à familiariser le cheval à pied avec les objets inquiétants pour aller plus sûrement et plus vite.
Equitation de fantaisie – allures artificielles
Deux façons d’utiliser les jambes agissant simultanément :
- soit les jambes, placées comme d’habitude, pressent le corps du cheval
- soit les jambes placées un peu en arrière
Quand le cheval se rassemble facilement, les jambes placées un peu en arrière agissant simultanément maintiennent l’engagement des membres sous la masse, et favorisent la détente des jarrets vers le haut (pourvu que la main agissent en ce sens également. On utilise cet effet pour demander le piaffer.
Pour demander le piaffer, la main vérifie la légèreté et l’absence de poids, les jambes agissent par petits coups de mollet successifs et répétés. Rendre dès que l’action se produit, la main restant fixe. Si les mollets ne suffisent pas, une attaque des deux éperons sans opposition de main – ne pas utiliser ce moyen s’il occasionne des fouaillements de queue.
Rester très discret dans l’usage des jambes, essayer des descentes de mains et de jambes dès que possible.
Correction des problèmes et redressement du cheval : s’il a la croupe de travers dans le piaffer, on décontracte en le balançant de gauche à droite par la main dans le piaffer, et en continuant aussi longtemps que nécessaire.
Quand le cheval piaffe très bien sur place, demander le piaffer en avançant : c’est le passage. Le passage doit rester moelleux et avancer très peu.
On passe ensuite au trot en arrière, dans lequel on reculer très peu, aussi peu que l’on avance dans le passage.
Enfin, on peut commencer le travail de deux pistes au passage.
Equitation de fantaisie – allures artificielles (suite)
Demander le lever d’un antérieur en allégeant l’épaule du côté de cet antérieur. Au besoin, toucher de la cravache l’avant-bras correspondant. Chercher à se passer le plus tôt possible de la cravache.
Commencer le pas espagnol en mettant le cheval en marche alors que l’un de ses antérieurs est levé. Dès que l’antérieur est à terre, demander la même chose à l’autre main.
Quand le pas espagnol est fluide, facile, léger, et que les membres s’élèvent très haut, on peut demander le trot espagnol. Pour cela, pousser, activer le cheval pendant qu’il marche au pas espagnol de façon liante.
Pour obtenir le trot à extension soutenue, demander le trot espagnol en accéléré, mais sans aller vite = plus de cadence avec de l’élévation.
Quatrième partie : fixer
Du ramener outré
Permet de fixer la tête dans le ramener normal. Ne pas le demander avant que l’élévation maximale de l’encolure soit obtenue facilement.
Le demander à chacune des trois allures, puis en pas de côté et enfin au piaffer.
Des petites attaques
« Quand le dressage du cheval est terminé, il ne reste plus qu’à le rendre très fin aux aides, afin de ne plus avoir besoin de déplacer la main ou les jambes d’une façon apparente pour lui transmettre sa volonté. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Pour améliorer la finesse aux jambes, on fait suivre une demande des mollets (si le cheval n’y a pas obéit immédiatement) par une petite attaque de l’éperon.
On évite de même les sollicitations type claquement de langue qui interfèrent avec les aides.
On applique autant qu’on peut « jambes sans main, main sans jambes ».
Un avertissement tout de même à propos de ces petites attaques :
« Mais il faut être très modéré dans l’application de ces petites attaques d’éperon, ne s’en servir qu’avec beaucoup de délicatesse et d’à propos, et y renoncer sans hésitation si elles provoquent des fouaillements de queue. »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Notes & réflexions
Difficile d’extraire l’essentiel d’un bouquin qui contient si peu de fioritures. Chaque phrase contient une info intéressante.
Ce que j’en retiens :
- Dans les débuts, décomposer le mouvement, l’exécuter pas à pas, puis enchaîner progressivement jusqu’à l’obtenir fluide.
- Si quelque chose ne va plus, arrêter le cheval (ou repasser à l’allure inférieure) et rétablir la légèreté.
- Effectuer des descentes de main et/ou de jambes fréquents dans tous les mouvements travaillés, dès le début (dès que le mouvement est pas mal)
- Surveiller les fouaillements de queue, éviter que le cheval fouaille de la queue. C’est un signe de contraction.
- Lorsqu’une position devient très familière à un cheval, c’est toujours au dépend de la facilité avec laquelle il prend les autres. Il faut alors ne lui demander que la position/l’allure qu’il a du mal à maintenir jusqu’à celle-ci soit devenue facile.
Et aussi :
« Aller très lentement pour mener le dressage rapidement »
Dressage méthodique du cheval, général Faverot de Kerbrech
Pourquoi lire « Dressage méthodique du cheval » ?
Qu’on se sente attiré ou non par le bauchérisme et l’équitation classique, cet ouvrage contient des exercices précieux pour affiner la communication avec son cheval. Mieux : ces exercices ne sont pas limités à des outils en particulier. Les variations d’exercices sur la Foule au pas, au trot, et au galop, pour ne citer qu’elles, peuvent se pratiquer aussi bien en bridon qu’en licol. Idem pour les variations de demandes de départ au galop.
Lisez, relisez, comprenez l’essence de l’exercice, et réadaptez aux outils de votre choix.
En bref, si vous êtes en quête de nouveaux exercices à faire avec votre cheval, si vous souhaitez une équitation plus fine, plus épurée, quelles que soient vos convictions, ne vous privez pas de ce classique.
Le Bauchérisme et ses rejetons non reconnus ?
Toujours pas convaincu ? Vous préférez l’éthologie « moderne » à l’équitation des siècles derniers ? Pourtant, si vous lisez attentivement le bouquin, vous trouverez beaucoup d’exercices ressemblent étrangement à eux qui sont enseignés dans certaines méthodes d’équitation éthologiques.
Comment se procurer ce livre ?
Cet ouvrage est tombé dans le domaine public (son auteur est mort depuis plus de 70 ans). Aussi, on le trouve en téléchargement libre et gratuit un peu partout. Je vous recommande la version du fonds ancien équestre, qui propose le livre scanné en noir & blanc, donc plus facile à imprimer : « Dressage méthodique du cheval de selle » sur le fonds anciens équestre.
Pour acheter la version papier de « Dressage méthodique du cheval », le plus simple est sans doute de se procurer les « Œuvres Complètes » de François Baucher, paru aux éditions Belin et superbement illustré par Emilie Haillot.
4 réponses à “Dressage méthodique du cheval”
Merci pour cet aperçu!
Pas encore lu et pas tout à fait adepte de Baucher mais jsutement, une question.
Peux-tu en dire plus sur le « ramené outré »? S’agit-il de relever exagérément l’encolure ? (Oui, je pourrais chercher sur le net mais puisque tu t’intéresses à la chose et au monsieur 🙂 )
Hello, et de rien 🙂 Alors, je vais te direc e que j’en ai compris : d’abord, c’est bien distinct du relever de l’encolure. Baucher relève d’abord très haut l’encolure, et ensuite assouplit la nuque du cheval par le ramené outré. Et donc le ramener outré, c’est un assouplissement dans lequel tu demandes au cheval de rapprocher son menton le plus possible de la poitrine – oui, exactement comme dans le rollkur, sauf que (contrairement au rollkur où on demande au cheval de rester dans la posture très longtemps), dans le ramené outré, le cheval ne doit rester que quelques instants, comme quand tu vérifies que tu es capable de poser les mains sur le sol en gardant les jambes droites. Si j’ai bien compris, le cheval dans un ramené normal avec la tête exagérément haute est une forme de placer qui n’est plus trop usité aujourd’hui. Voilà ce que j’en ai compris dans les bouquins mais encore une fois, je ne suis qu’une amatrice. On pourrait poser la question à André Poot, qui est le seul que j’ai trouvé sur internet à pratiquer ce placer avec l’encolure hyper haute, il pourrait sûrement nous en dire plus.
Merci pour cette excellente synthèse de cet ouvrage majeur.
J’aime beaucoup ce que vous dites dans le paragraphe:
« Le bauchérisme et ses rejetons ». ……
Cdt
Merci Pierre ! Vous êtes encourageants 🙂 si vous voyez quoi que ce soit à ajouter, n’hésitez pas à me faire part de votre avis.