L’école de cavalerie – partie 2

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[white_box]Cet article fait partie d’une série d’articles qui résument « L’école de cavalerie », écrit par François Robichon de La Guérinière au 18ème siècle. [/white_box]

Suivez ce lien pour lire la première partie du résumé de l’Ecole de cavalerie.

Si certains mots vous échappent au cours de la lecture, sachez que les définitions se trouvent dans le premier article. N’hésitez pas à vous y référer, voire à vous rendre directement à la source : Lire L’école de cavalerie sur Gallica.

Chapitre 9 – De la nécessité du trot pour assouplir les jeunes chevaux & de l’utilité du pas

« Il faut le renvoyer à l’écurie avec la même gaîté qu’il en est sorti. »

Dans la citation ci-dessus, on peut lire « gaîté » dans le synonymes du mot « joie », c’est à dire qu’il faut éviter de briser le moral du cheval. Je pense qu’on pourrait aussi interpréter ce bout de texte comme une recommandation de ne pas épuiser physiquement l’animal (ce qui colle tout à fait avec les connaissances actuelles – cf Guide de préparation physique du cheval).

« Il faudra ensuite le monter, avec toutes les précautions nécessaires pour le rendre doux au montoir. »

« (…) on ne peut les [la souplesse et la liberté] donner qu’en mettant dans un grand mouvement tous les ressorts de la machine »

Un cheval bien dressé a « la souplesse, l’obéissance et la justesse« . La souplesse s’acquiert par le travail au trot. A condition de ne pas en abuser, car le cheval courre le risque de s’éteindre « dans l’accablement et la lassitude« . Autrement dit, Varions le travail. Autre danger, celui de trop trotter un cheval sur un sol non adapté, source de nombreuses blessures graves.

Le cheval apprend à trotter d’abord par le travail en longe.

[yellow_box]Aidez-moi !
À ce point-là du bouquin, page 177, je suis embrouillée avec les pièces d’équipement du travail en longe. Il est d’abord écrit que la longe doit être attachée au caveçon. Mais dans le paragraphe suivant, que le jeune cheval doit être longé avec un bridon plutôt qu’un filet, car un mors ruinerait la bouche. Or, le bridon a un mors, si j’en crois les définitions du chapitre 3. Faut-il donc un caveçon ou un mors ? Peut-être un caveçon auquel la longe est attachée à la muserolle, et par dessous, un bridon avec un mors pour habituer le cheval sans lui gâter la bouche ? Un début de réponse se trouve un peu plus loin, où le bridon est décrit comme très doux car son mors appuie très peu sur les barres et pas du tout sur la barbe.

Mon hypothèse pour le moment est qu’il s’agit d’une progression exposée de façon un peu floue par l’auteur : d’abord le caveçon, ensuite le bridon. [/yellow_box]

Comment transposer en selle les aides préalablement mises en place à la longe : le cavalier exécute ses demandes (demande de mise en avant, tourner, etc.) ; son aide, à pied, « traduit » au cheval la demande dans le langage des aides qu’il connaît, jusqu’à ce que le cheval ait intégré la nouvelle aide.

Une fois que le cheval comprend les aides de base, son tempérament guide la suite du travail. Chez les chevaux un peu lents ou timides, on encourage un trot « étendu et hardi« . A ceux qui se pendent aux rênes et pèsent à la main, on relève et raccourcit l’allure pour préparer le rassembler. Dans tous les cas, le trot doit être régulier et le cheval doit engager.

Bien que le trot soit une leçon cruciale, le travail du pas n’est pas à négliger. La Guérinière distingue deux sortes de pas :

  • Pas de campagne : « la moins élevée et la plus lente de toutes les allures naturelles »
  • Pas d’école : « allure plus soutenue, plus raccourcie et plus rassemblée que le pas de campagne. »

On ne demande pas immédiatement le rassembler à un jeune cheval qui sort d’un trot étendu. Il faut d’abord le préparer à cette transition par les arrêts et demi-arrêts (cf chapitre suivant). On lui demande d’abord un pas « lent et peu raccourci« , afin qu’il « conserve au pas la liberté des épaules ». Pour lui apprendre à tourner avec facilité, on lui demande fréquemment de tourner d’une ligne droite à une autre. Une fois cette leçon acquise, pour en faire un bon cheval de promenade, il faut le mener dans la campagne en ligne droite à un pas allongé. Dans le cas d’un cheval paresseux, si le pas n’est pas assez vif, on peut le trotter afin de le réveiller et de lui faire reprendre un pas « sensible et animé« .

Chapitre 10 – De l’arrêt, du demi-arrêt et du reculer

« On appelle un cheval sur les hanches celui qui baisse et plie les hanches sous lui, en avançant les pieds de derrière & les jarrets sous le ventre, pour se donner sur les hanches un équilibre naturel qui contrebalance le devant, qui est la partie la plus faible : duquel équilibre naît l’agrément et la légèreté de la bouche du cheval. »

Le cheval au naturel a tendance à se porter sur les épaules. Avec un cavalier sur le dos, ça donne un cheval lourd à la main. Le remède consiste en cette deuxième leçon, qui prépare le cheval à se mettre sur les hanches et le rend léger à la main.

De l’arrêt

L’arrêt est demandé en retenant la tête et l’avant-main par la main, tout en chassant les hanches avec les mollets.

Pour un bon arrêt, le cheval doit être un peu animé juste avant. L’arrêt ne doit pas être brusque, au risque d’affaiblir reins & jarrets. Le cheval doit s’arrêter bien droit, les postérieurs alignés sur les antérieurs.

L’exercice doit être adapté en cas de défauts et faiblesses physiques de l’animal : aux encolures renversés, aux reins trop longs et faibles, aux dos ensellés, aux colériques et aux impatients, on administre l’arrêt différemment.

Du demi-arrêt

Le demi-arrêt, comme l’arrêt, consiste à relever et soutenir l’avant-main du cheval, mais sans s’arrêter totalement. On l’utilise lorsque le cheval s’appuie sur le mors, lorsqu’on veut le ramener ou le rassembler.

Le demi-arrêt n’est pas aussi physiquement difficile que l’arrêt pour le cheval (un arrêt depuis le galop n’est demandé que pour vérifier le dressage, mais surtout pas comme exercice quotidien). Ainsi, les chevaux faibles physiquement qui supportent mal un arrêt pourront sans problèmes se voir administrer le demi-arrêt.

Comme l’arrêt, le demi-arrêt doit être demandé en fonction du type de cheval auquel on a à faire. La façon d’en venir au demi-arrêt n’est pas détaillée : il est sous-entendu qu’on s’y prend comme pour demander un arrêt… Mais sans s’arrêter. Si le cheval s’appuie sur le mors malgré un demi-arrêt, on le corrige avec le reculer.

Du reculer

Le cheval étant arrêté, on demande le reculer comme si on demandait un nouvel arrêt. Dès que le cheval donne un ou deux pas de reculer, on lui rend la main. Si le cheval refuse de reculer, demander à un aide à pied de lui « traduire » la demande du cavalier, en le faisant reculer avec une action douce de la gaule.

Le reculer est un moyen :

  • de corriger le cheval qui ne donne pas bien l’arrêt
  • de le préparer à se mettre sur les hanches
  • de rendre le cheval léger à la main

Attention :

  • à ne pas acculer le cheval dans le reculer (pour cela, toujours être prêt à repartir en avant)
  • à reculer bien droit.

Une fois que le reculer est acquis, la leçon suivante pour rendre le cheval léger est de ne demander à reculer que les épaules : stopper la demande quand le cheval se prépare à reculer mais avant qu’il ne recule, puis repartir en avant.

Après un arrêt ou un reculer, on peut aussi demander une flexion latérale de l’encolure, ce qui prépare à la leçon de l’épaule en dedans.

Chapitre 11 – De l’épaule en dedans

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Les épaules et les jambes du cheval peuvent effectuer quatre mouvements :

  1. l’épaule en avant, lorsqu’il marche droit
  2. l’épaule derrière, lorsqu’il recule
  3. la jambe s’élève en place, comme dans le piaffer
  4. le mouvement circulaire et croisé effectué dans les pas de côté

Le quatrième mouvement est le plus difficile, et cette souplesse de l’épaule s’acquiert par la leçon de l’épaule en dedans.

L’auteur rappelle les écrits de M. de la Broue et du duc de Newcastle au sujet de l’acquisition de la souplesse des épaules. Le duc de Newcastle assouplit les épaules par une sorte d’épaule en dedans (le geste est décrit mais ne porte pas ce nom) sur des cercles. Le gros inconvénient de l’assouplissement sous cette forme : ça met le cheval « sur le devant » (alors que, comme on l’a vu précédemment, on le préfère sur les hanches). Pour y pallier, La Guérinière trouve la solution en pratiquant l’exercice sur deux pistes parallèles en ligne droite, qu’il appelle l’épaule en dedans.

Cette leçon produit tant de bons effets à la fois que je la regarde comme la première & la dernière de toutes celles qu’on peut donner au Cheval, pour lui faire prendre une entière souplesse & une parfaite liberté dans toutes ses parties.

Les bons effets de l’exercice de l’épaule en dedans :

  1. cet exercice assouplit les épaules
  2. il prépare le cheval à se mettre sur les hanches
  3. il prépare à « fuir les talons » (ce que je comprends comme : il enseigne au cheval à effectuer des pas de côté sur demande du cavalier)

On débute l’épaule en dedans en élargissant progressivement un cercle. Au fur et à mesure des leçons, le cheval parviendra à exécuter correctement l’épaule en dedans en ligne droite.

Une fois l’épaule en dedans comprise aux deux mains, l’étape suivante est de travailler le passage de coin.

A chaque étape, La Guérinière offre des recommandations d’attitude ou d’exercice à adopter en cas de défense du cheval.

Une dernière citation en guise de conclusion :

« Si l’on examine la structure et la mécanique du Cheval, on sera aisément persuadé de l’utilité de l’épaule en dedans »

Chapitre 12 – De la croupe au mur

La Guérinière déconseille la tête au mur, car le cheval apprend à se servir du mur comme guide plutôt qu’à répondre aux talons du cavalier. Il préconise plutôt le travail de la croupe au mur.

Un cheval qui refuse d’exécuter la croupe au mur à une main n’a pas été suffisamment assoupli dans l’épaule en dedans. Il faut alors y revenir.

Lorsque la croupe au mur est comprise et aisée aux deux mains :

  1. il faut s’assurer que les épaules soient avant les hanches dans le mouvement
  2. il faut s’assurer que le cheval s’incurve bien du côté vers où il marche
  3. il faut s’assurer que le cheval décrive deux lignes distinctes et parallèles

Pour éviter d’apprendre au cheval à marcher tout le temps en crabe, il faut terminer les leçons de croupe au mur en marchant bien droit sur la ligne du milieu.

Chapitre 13 – De l’utilité des piliers

Les piliers sont une invention de Pluvinel.

Débat sur les piliers. Le duc de Newcastle y voit un outil de torture : « il dit qu’on y estrapasse & qu’on y tourmente mal à propos un Cheval« . Pour La Guérinière, l’opinion de Newcastle est biaisée par le fait que beaucoup d’écuyers utilisaient mal lesdits piliers. D’après lui, employés correctement, ils donnent le « mouvement des épaules libre & hardi, & les ressors des hanches doux & liants« .

On attache le cheval aux piliers par les anneaux du caveçon. Les longes doivent être suffisamment courtes pour que les épaules soient au niveau des piliers. Le dresseur demande d’abord au cheval de se ranger à droite ou à gauche en activant la chambrière sur le sol. Puis, on lui apprend à aller en avant dans les cordes. Quand le cheval se défend beaucoup (ruades, trépignements), le problème vient généralement du dresseur qui va trop vite ou trop fort.

Autre débat : la ruade. Certains sont d’avis qu’il ne faut jamais apprendre à un cheval à ruer. Pour La Guérinière, il faut apprendre au cheval à ruer dans les piliers. Un cheval qui a « la croupe engourdie » ou « point de mouvement dans les hanches« , ruer le dérouille un peu.

Quand le cheval est à l’aise de les premières leçons, il faut alors « l’animer de la langue & de la chambrière pour lui tirer quelque trot en place« . C’est le piaffer. Les reprises doivent être courtes jusqu’à ce que le cheval les exécute « sans colère« . Ensuite seulement, on demande au cheval un travail plus prolongé, sans pour autant l’essouffler. Le but est de lui apprendre à rester au piaffer sans incitation du dresseur jusqu’à ce que celui-ci demande l’arrêt du mouvement.

Alors seulement, on pourra commencer à lui demander de soulever le devant pour arriver aux airs relevés.

Pour finir, le cheval est monté par un cavalier tout en étant attaché dans les piliers, pour l’habituer aux aides du cavalier. Un assistant à pied « traduira » avec les aides de la chambrière, que le cheval connaît bien, à ce stade.

Chapitre 14 – Du passage

Les leçons du trot en ligne droite, de l’épaule en dedans, de la croupe au mur, et du piaffer donnent la souplesse et l’obéissance. Il reste à acquérir la justesse.

Et « Le passage est la première allure qui regarde la justesse« .

« L’action du Cheval au passage est la même qu’au piaffer ; en sorte que pour avoir une idée juste de l’un et de l’autre, il faut regarder le piaffer comme un passage dans une place, sans avancer ni reculer ; et le passage est, pour ainsi dire, un piaffer dans lequel le Cheval avance environ d’un pied à chaque mouvement. »

Dans le passage, il faut prêter attention à :

  • la posture du cheval
  • la cadence (ou mesure) du passage
  • les aides du cavalier

La belle attitude du cheval, c’est le beau pli qu’on lui donne en maniant. Plusieurs postures sont possibles, sur lesquels les écuyers ne sont parfois pas d’accord. La Guérinière les admet toutes à condition qu’elles soient adoptées en fonction de la conformation du cheval.

Pour pouvoir demander un passage soutenu et régulier, le cheval doit être confirmé dans toutes les leçons précédentes. Il est même bon de vérifier les acquis brièvement presqu’à chaque leçon.

L’usage des aides doit être adapté au tempérament du cheval et à son état le jour même.

Chapitre 15 – Des changements de main et de la manière de doubler

Ce qui est difficile dans le doubler, c’est d’éviter que la croupe ne se dérange (dans le sens, je suppose, « sortent de la rangée »). La solution corrective est de travailler sur un carré où l’on ferait un quart d’épaule autour des hanches à chaque coin, comme illustré ci-dessous :

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Le changement de main permet de passer d’un mur à l’autre du manège en oblique. Il peut se faire d’une piste ou de deux pistes. est une manière de doubler en pas de côté. La description est celle d’un appuyer primaire :

« Il est à remarquer que lorsqu’on change de main de côté de deux pistes, la tête & les épaules doivent marcher les premières & dans la même posture qu’à la croupe au mur, avec cette différence pourtant que dans le changement de main, le Cheval doit marcher en avant à chaque pas qu’il fait, ce qui donne beaucoup de liberté à l’épaule de dehors & tient le Cheval dans une continuelle obéissance pour la main & pour les jambes. »

Sont décrits différentes variations du changement de main, qui permettent d’éviter la routine :

  • le changement de main large
  • le changement de main étroit
  • le contre-changement de main
  • le changement de main renversé

Chapitre 16 – Du galop

Trois avantages à bien travailler le galop :

  1. Assurer la bouche trop sensible (?)
  2. Augmenter l’haleine (autrement dit : améliorer la condition cardiovasculaire)
  3. Abaisser la vigueur superflue d’un cheval qui a trop de rein (permettre au cheval de se défouler ?)

Pré-requis pour commencer à travailler le galop : il faut d’abord avoir assoupli le cheval au trot dans tous les exercices précédemment décrits, et qu’il soit léger au piaffer dans les piliers.

Le galop de manège doit être « Raccourci du devant & diligent des hanches » (M. de la Broue). Il diffère du galop de chasse (voir chapitre 20), qui est étendu. Pour obtenir un bon galop de manège, l’exercice est à adapter du tempérament du cheval, ou de la nature du galop de base.

Lorsque le cheval galope très bien d’une piste aux deux mains, on peut entamer le travail de deux pistes.

Chapitre 17 – Des voltes, des demi-voltes, des passades, des pirouettes, & du terre-à-terre

Des voltes

La volte est un exercice inventé pour améliorer l’agilité du cheval de guerre. Les voltes pour exercer le cheval de guerre doivent se faire d’une piste, les voltes pour l’exercice « d’Ecole » doivent se faire de deux pistes, sur un carré.

Car oui, les voltes n’étaient pas rondes, mais carrées. L’illustration est très claire :

Les voltes de La Guérinière

La progression commence par les voltes renversées (dessiner un carré en croupe au mur, les épaules étant tournées vers l’intérieur du carré, et la croupe vers l’extérieur), et se poursuit avec les voltes ordinaires (dessiner un carré en croupe au mur, les épaules du cheval étant tournées vers l’extérieur et la croupe vers l’intérieur).

Pourquoi il ne faut jamais entabler un cheval (un cheval s’entable dans la croupe au mur ou dans l’appuyer quand les hanches passent devant les épaules) :

« En portant ainsi un Cheval de côté de coin en coin, il n’est jamais couché dans la volte ni entablé : ce dernier défaut est considérable, en ce qu’il estropie les hanches et ruine les jarrets d’un cheval ; désordre que quelques hommes de Cheval attribuent aux voltes en général : mais c’est sans doute des voltes entablées et acculées dont ils entendent parler »

M. de la Broue conseille un exercice pour préparer le cheval aux voltes renversées et ordinaires : dessiner un carré d’une piste, la tête placée en dedans ; à chaque coin du carré, on exécute un quart d’épaules autour des hanches pour remettre les épaules du cheval sur la ligne des hanches. Cf. le plan de terre ci-dessus « Quaré servant de principes aux voltes ». Dans cette leçon, un demi-arrêt avant et après le coin permettra de tourner les épaules sans que les hanches ne s’échappent. Cette leçon acquise au pas d’école s’exécute ensuite au passage et au galop.

S’ensuivent quelques conseils sur la manière d’adapter ces exercices à l’expérience du cheval, à son humeur du jour, à son caractère ; une description du changement de main à l’extérieur ou à l’intérieur de la volte ; ainsi qu’un paragraphe à propos de la taille des voltes, à proportionner à la taille du cheval.

Des demi-voltes

« La demi-volte est un changement de main étroit les hanches en dedans, qui se fait, ou dans la volte, comme nous venons de le dire, ou au bout d’une ligne droite. »

On entame la demi-volte avec un demi-arrêt pour remettre le cheval sur les hanches. On ne commence pas les demi-voltes avant qu’un cheval ne soit capable d’exécuter la volte d’une piste au passage (risque d’acculement). Divers moyens de corriger les fautes du cheval dans la demi-volte sont également abordés.

Attention à varier l’ordre et le lieu des exercices pour éviter que le cheval ne se mette à anticiper les demandes du cavalier.

Si le cheval « résiste aux règles de la proportion et de la justesse » dans les voltes et demi-voltes, revenir à l’épaule en dedans et à la croupe au mur.

Des passades

Dans la passade, on passe et repasse sur une ligne droite, en exécutant une volte ou une demi-volte à chaque bout. C’est un exercice pour la guerre : on fonce sur l’ennemi, et on repart vivement dans l’autre sens pour fuir ou blesser un autre ennemi.

Deux sortes de passades :

  1. Celles qui se font au petit galop sur la ligne de passade et sur la demi-volte
  2. Les Furieuses, dans lesquelles on va au petit galop pour prendre le temps d’observer l’ennemi jusqu’au milieu de la ligne droite ; puis galop pleine bille ; et on marque l’arrêt avant d’entamer la demi-volte.

L’exercice d’Ecole consiste à exécuter la passade avec une volte plus large que dans l’exercice de guerre.

Des pirouettes

Dans la pirouette, les hanches du cheval ne bougent pas, et les épaules leurs tournent autour. La pirouette est un exercice de guerre, servant à attaquer ou à éviter l’ennemi.

La progression : demi-pirouette au pas, puis au passage, et enfin au galop.

Il s’agit d’un exercice exigeant qui ne convient pas à tous les chevaux.

Du terre-à-terre

Définition du terre-à-terre selon le duc de Newcastle :

« Galop en deux temps, de deux pistes, beaucoup plus raccourci & rassemblé que le galop ordinaire & dont la position des pieds est différente, en ce qu’un Cheval lève les deux jambes de devant ensemble & les pose de même à terre.

Si la définition n’est pas parlante, voici un terre-à-terre (d’une piste) en vidéo(on le voit bien à partir de 0:34) :

Et un autre filmé de face :

La définition est très détaillée, La Guérinière concluant l’exposé par une mise en garde contre ceux qui appellent « terre-à-terre » un mauvais galop.

Chapitre 18 – Des airs relevés

Avertissement à propos de la nature des chevaux destinés à pratiquer les airs relevés : forcer à sauter un cheval qui n’a pas les qualités requises risque de le ruiner physiquement et moralement.

Des pesades

La pesade n’est pas réellement un air sauté puisque le cheval ne lève que le devant. On utilise cet exercice pour apprendre au cheval à relever haut le devant et replier les antérieurs, tout en solidifiant les hanches. Cet exercice corrige également certains défauts du mézair ou de la courbette.

Dans la pesade, le cheval est sur la main et plier ses hanches et ses jarrets sous lui. Il faut corriger des antérieurs mal troussés avec la gaule, et toujours intercaler une pesade entre deux piaffers.

On commence la pesade en main entre les piliers avant de la faire faire au cheval sous le cavalier.

Du mézair

Pour développer le mézair (demi-courbette), on suit les mêmes règles que pour la pesade : on intercale l’exercice entre deux piaffers.

Des courbettes

Dans la courbette, l’avant-main est plus élevé encore que dans le mézair. La courbette est volontiers pratiquée car elle met en valeur le cheval comme le cavalier. Son exécution correcte prouve la qualité du Cheval sans trop lui nuire.

Progression : le cheval doit être confirmé dans les deux airs vus précédemment pour aborder la courbette. Lorsque le cheval est capable d’exécuter 4 ou 5 courbettes correctes d’affilées dans les piliers, on lui demande sans piliers sur la ligne du milieu du manège. S’ensuivent également des descriptions de différentes variations d’exercices sur la courbette : la volte, la croix à courbettes, la farabande à courbettes

Avertissement : finir une séance sur une courbette, c’est risquer d’apprendre au cheval à se défendre. Donc, on finit sur un piaffer.

De la croupade et de la balotade

Dans la croupade, le cheval saute en repliant ses postérieurs sous lui. Dans la balotade, le cheval saute en détachant ses postérieurs du sol comme s’il allait ruer… Mais sans le faire.

Comme pour les autres sauts, on enseigne les mouvements au cheval dans les piliers avant d’essayer sans. Les sauts demandant beaucoup de force et d’énergie à l’animal, on y va mollo sur les demandes, surtout au début, sous peine de décourager la pauvre bête.

En ce qui concerne les aides, la douceur est préconisée, notamment avec la gaule pour faire lever le devant en main. En selle, on utilise le « pincer délicat » de l’éperon.

On ne demande pas ces sauts en deux pistes, mais on persiste dans la gymnastique sur deux pistes pour une arrière-main plus forte et une avant-main plus légère.

Des caprioles

(Note : On parle de « Cabriole », de nos jours)

La première moitié de ce chapitre détaille les caractéristiques de la cabriole ainsi que les caractéristiques à rechercher pour un cheval destiné à exécuter ce saut.

Pour démarrer l’apprentissage, il faut, en plus de tous les exercices vus précédemment, enseigner au cheval à déclencher une ruade. Ensuite, on lui demande la ruade pendant qu’il exécute une courbette, de manière à ce qu’il déclenche la ruade en ayant déjà l’avant-main en l’air.

Une fois que la Capriole est acquise dans les piliers, puis en ligne droite sans piliers, il faut l’exécuter sur la volte (c’est à dire sur un carré).

Le pas-&-le-saut, & le galop gaillard

Le pas-&-le-saut est un air en 3 temps : galop raccourci + courbette + cabriole. Il est adopté naturellement par les chevaux fatigués de trop sauter. C’est également un air qu’on peut permettre à certains chevaux qui ont besoin de se rassembler avant la cabriole.

En ce qui concerne le galop gaillard, voici ce que dit le texte :

Il y a une sorte de Chevaux qui interrompent leur galop en faisant quelques sauts de gaîté, soit parce qu’ils ont trop de rein, ou trop de repos, ou que le cavalier les retient trop.

Je me permets d’interpréter ça comme : Galop gaillard = coups de cul. Il va de soit que ce n’est pas un air à rechercher pour lui-même (puisqu’il provient du caprice du cheval). Le galop gaillard permet de repérer les potentiels sauteurs.

Chapitre 19 – Des chevaux de guerre

« L’Art de la Guerre et l’Art de la Cavalerie se doivent réciproquement de grands avantages. »

Les exercices permettant de développer le cheval ont tous des applications pour préserver l’uniformité de mouvement au sein des troupes et/ou manier le cheval sur le champ de bataille – à l’exception peut-être des airs relevés, dont les applications sont indirectes.

L’enseignement académique est donc indispensable. Même pour un cheval de guerre.

Pour un bon cheval de guerre, il faut des qualités et un dressage adéquat :

  • Les qualités du cheval de guerre : taille moyenne, léger à la main, bon tempérament, fort. Un cheval vicieux ou ombrageux serait dangereux, car même si on parvenait à la redresser, il risquerait de retomber dans son travers en cas de fatigue. Et la guerre ne pardonne pas.
  • Les spécificités de son dressage : outre les exercices destinés à le rendre souple et maniable, il faut absolument les habituer au bruit et au mouvement des armes, des tambours & trompettes, à la fumée, à l’odeur de la poudre.

S’ensuivent les descriptions de plusieurs façons d’habituer le cheval à tout ce qui peut l’effrayer. En gros, il s’agit de mettre le cheval en confiance et d’utiliser la nourriture pour rendre le son, l’odeur ou le mouvement moins atroce. Et on évite de leur taper dessus quand ils prennent peur au son d’une trompette. Les effets du renforcement étaient donc bien compris, bien qu’ils n’aient été théorisés qu’au 20ème siècle.

Chapitre 20 – Les chevaux de chasse

La chasse, loisir préféré des rois et des princes, est un sport dangereux. Les accidents sont souvent causés par des chevaux mal sélectionnés et/ou mal dressés.

Le dressage des chevaux de chasse comporte le même tronc commun que celui des chevaux de guerre et de manège.

Les qualités spécifiques nécessaire au cheval de chasse sont l’endurance et un pied sûr. Le dressage affûtera ces qualités, mais elles doivent être innées. Comme pour le choix du cheval de guerre, on élimine d’office les chevaux vicieux et rétifs.

L’auteur est certain que si tous les chevaux de bonne disposition mentale et physique était préparés à la chasse par des exercices de manège, assouplis par les règles de l’Art, ils galoperaient mieux, auraient le pied plus sûrs et seraient moins vite usés par une vie de chasse. Il faudra bien entendu les préparer en pleine campagne et pas uniquement en manège.

Un dernier paragraphe est consacré au cheval d’arquebuse, un type de cheval de chasse qui nécessite un dressage encore plus précis et spécifique que celui du cheval de chasse.

Chapitre 21 – Les chevaux de carrosse

L’amélioration des techniques de construction du carrosse a permis de considérablement soulager le cheval au travail ainsi que le confort des passagers. La seule chose qui manque à la plupart des attelages, c’est le choix et le dressage judicieux de leurs chevaux.

Pour que les équipages soient gracieux, il ne faut pas des chevaux qui trottent de travers, soient sur les épaules, baissent la tête, lèvent les hanches, tendent le nez…

Une fois sélectionné spécifiquement pour l’attelage, il faut donner au cheval la souplesse et l’obéissance. L’épaule en dedans et la croupe au mur l’aide à tourner avec plus d’élégance et de facilité ; le piaffer lui donne une belle démarche ; le cheval de Carrosse doit aussi être plié (incurvé ?) du côté où il tourne.

Chapitre 22 – Des tournois, des joutes, des carrousels, & des courses des têtes & de bague

Les jeux et exercices donnent aux hommes la force & l’adresse et entretiennent en eux l’inclination guerrière.

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Des Tournois

A l’origine, course à cheval où les équidés se retournent et repartent dans différents sens (d’où le nom). Puis vinrent les bâtons pour jeter à terre les autres cavaliers, puis les côtes de mailles, puis les blasons et autres témoignages d’appartenance à un clan, puis les grandes fêtes avec des dames félicitant des chevaliers.

Des Joûtes

Affrontement dans lequel deux cavaliers cherchent à se frapper mutuellement avec une lance. Abolis depuis la mort d’Henri II, on organise plutôt des carrousels.

Des Carrousels

Le carrousel est la représentation d’un combat, avec une troupe de cavaliers divisée en quadrilles. C’est une grande fête qui mélange équitation, spectacle, concert, poésie et théâtre.

Des Courses

Il s’agit d’un des principaux exercices exécutés dans le Caroussel. Un prix est en jeu, et le cavalier montre son adresse dans différents exercices. Les formes des courses ont varié dans le temps.

De la Course des Têtes

Un sport sympatoche qui consistait à s’exercer à transpercer des images de têtes d’ennemis avec des armes blanches ou à feu.

De la Course de Bague

Quand les Dames devinrent juges de ces sports, il fallut rendre les enjeux moins virils : on a donc choisi de mettre en jeu une bague.

De la Foule

Plusieurs cavaliers exécutent des figures différentes au sein du même manège. Exercice qui nécessite des chevaux dressés et des cavaliers habiles.

Notes personnelles & réflexions

Certains recommandations sont reprises très fréquemment sous diverses formes. Mis bout à bout, elles permettent de dégager des grands principes pour l’éducation d’un cheval :

  • La notion de progression :
    • pour envisager un nouvel exercice, il faut que le cheval soit confirmé dans les précédents,
    • quand on est bloqué sur un exercice, que le cheval semble avoir du mal à l’exécuter, il suffit de revenir à l’exercice précédent dans la progression. Par exemple, la croupe au mur est laborieuse ? C’est qu’on est pas resté assez longtemps sur l’épaule en dedans.
  • Recommandation de plusieurs petites leçons par jour. C’est un élément que je n’ai pas mentionné dans le résumé, mais qui revient dans plusieurs chapitres.
  • Mises en garde fréquentes contre la routine : « on évitera la routine, qui est le défaut des Ecoles mal réglées« 
  • Un corollaire du point précédent : le cheval ne doit pas se lasser de l’exercice, la répétition ne doit pas être trop fréquente pour éviter d’entamer son courage. En particulier pour les sauts, qui sont jugés très exigeants.
  • Il faut adapter l’exercice et la façon dont on le demande au tempérament et/ou à la conformation de chaque cheval. Cette idée est reprise dans tous les chapitres, avec souvent des grandes lignes à suivre pour les cas les plus fréquents.

En pratique

Voici un exercice précis proposé au chapitre 16 – le galop. Il est facile à mettre en pratique pour les cavaliers de tous les niveaux, et bien utile pour progresser en tant que cavalier.

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En pratique
Le cavalier doit apprendre à sentir le galop. L’exercice recommandé pour cela est de s’entraîner à sentir la position des pieds d’un cheval au pas, dans un premier temps en regardant les épaules : quel pied s’est posé, lequel s’est levé ? Ensuite, il faut essayer de sentir la position des pieds sans regarder les épaules du cheval.
Il faut enfin faire la même chose au trot, et au galop. Avec un peu de pratique, il est facile de sentir quand le galop se désunit.[/blue_box]

Vous pouvez également acheter le livre papier sur Amazon, en deux tomes (ce qui est résumé sur Thebaine.fr correspond à la seconde partie du tome 1) :

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