Pierre Beaupère : Equilibre

Pierre Beaupère photographié par Céline Brabant

Qui ne connaît pas encore Pierre Beaupère ? Pierre Beaupère, c’est l’un des rares enseignants de dressage avec lequel les cavaliers de loisirs passionnés retrouvent le goût du dressage que j’appelle « pour l’amour de l’art« . C’est à dire sans objectif autre que celui d’aider son cheval à se sentir mieux sous la selle et de s’améliorer soi-même ; quel que soit le temps qu’on y passe, sans se comparer à tous ces cavaliers exceptionnels ni regarder de haut les cavaliers qui débutent.

Pierre Beaupère répond à notre appel au secours à nous, cavaliers de loisirs, à travers ce livre : il permet d’entrevoir la possibilité d’une équitation humble et consciencieuse, et d’accéder au tact équestre quel que soit notre niveau.

Voici comment se présente le livre :

Des principes simples et efficaces, compréhensibles par tous les cavaliers, quel que soit leur niveau ou celui de leur cheval. Des images basées sur les sensations pour vous aider à visualiser ce que vous devez rechercher. Des explications claires pour comprendre les notions et les mécanismes importants vers une équitation harmonieuse, légère et basée sur le respect du cheval.

Résumé du livre : Première partie – L’équilibre

1 – La position

“(…) la position se travaille durant toute une vie. Elle n’est jamais assez parfaite et assez liante. Vous le devez à votre cheval.”

Pierre Beaupère rappelle qu’une bonne position n’est pas seulement plus esthétique : elle est aussi plus efficace. Il propose de précieuses astuces pour prendre l’habitude de se tenir droit (arrêtons d’utiliser les dossiers de chaise) et pour améliorer ce qu’il appelle la position passive. Par exemple : développer sa “mémoire musculaire” en travaillant consciemment sa position 5 minutes au début de la séance et 5 minutes à la fin, grâce à la “liste de contrôle”.

Pour améliorer le liant de son assiette au galop, d’autres astuces précieuses, comme celle d’imaginer qu’il faut éviter de perdre le billet de 500€ coincé entre nos fesses et la selle.

Une fois que le cavalier possède une position correcte, il est en mesure de développer l’assiette active, celle qui lui permet d’influencer l’équilibre de base du cheval. Ici, point de méthode, mais plutôt quelques exercices permettant une prise de conscience :

  • Pratiquer l’arrêt en 3 temps (se grandir, s’asseoir, utiliser le signal que le cheval connaît pour l’arrêt)
  • Une fois le cheval et le cavalier sensibilisés à l’arrêt en 3 temps, arrêter le cheval en verrouillant les muscles du bas du dos et du ventre
  • Pour le jeune cheval, éviter d’utiliser l’assiette profonde, mais s’aider des épaules pour lui apprendre à s’équilibrer dans les transitions

2 – Le contrôle : les demi-arrêts

Le demi-arrêt, un presque arrêt qui a les mêmes effets bénéfiques sur l’équilibre du cheval que l’arrêt correctement effectué : équilibre et report de poids vers l’arrière.

Pré-requis au travail du demi-arrêt : qualité de l’arrêt, transitions descendantes entre les allures et dans l’allure.

Le cavalier débutant devra établir des arrêts corrects et en équilibre. Pour cela, s’exercer à l’arrêt au poids du corps, en 3 temps (cf. I. 1. La position).

En cas de difficulté pour réaliser une transition trot-pas correcte, “étaler” la transition sur une longue distance, en réduisant progressivement l’allure et en rétablissant la décontraction après chaque “palier”.

“Le cavalier apprend ainsi deux notions extrêmement importantes : le timing et l’économie des aides.”

Le demi-arrêt ne se travaille que sur un cheval dont les transitions d’une allure à l’autre sont correctes. Pierre Beaupère commence à travailler les demi-arrêts avec : trot-pas, 7 foulées de pas avant de repartir au trot. Puis réduire le nombre de foulées tout en conservant des transitions propres et du pas bien marqué. Le demi-arrêt en lui-même consiste alors à demander au cheval de repasser au pas, puis à effectuer la demande de repasser au trot avant que la foulée de pas ait été réalisée. La “transition” doit ensuite devenir de plus en plus discrète, de même que les aides, l’objectif étant la plus grande légèreté possible.

3 – La décontraction : l’extension d’encolure

“Formidable pour échauffer, muscler le dos, calmer les chevaux nerveux et améliorer l’équilibre, le contrôle et la qualité du contact.”

Un exercice capital, mais qui ne procure de réels bénéfices que s’il est effectué correctement. Il faut tendre vers les caractéristiques suivantes :

  • L’équilibre – le garrot doit rester haut, le cheval ne doit pas se mettre sur les épaules
  • Stretching du dos – il faut demander au cheval l’étirement maximal dont il est capable au jour J et lui demander un peu plus chaque jour
  • L’engagement des postérieurs – si les postérieurs ne s’engagent pas sous la masse, seule la moitié des muscles du dos sont étirés

Avant de tenter de demander les descentes d’encolure, le cavalier débutant devra s’assurer au préalable que son cheval garde un rythme constant des ses allures et n’accélère pas lorsqu’on lui rend les rênes ; qu’il peut faire un tour de manège avec les rênes ajustées sans que la tête du cheval ne bouge ; qu’il est capable de faire des transitions pas-arrêt au poids du corps.

Au cheval sorti du débourrage, on enseigne les premières descentes d’encolure en séparant bien l’action de la main intérieure (qui demande la descente) de la main extérieure (qui contrôle la descente).

Avec le cheval avancé, qui connaît déjà la demande d’extension, il faut être un peu plus exigeant et développer la propulsion des postérieurs (en augmentant la taille des foulées), l’équilibre (par les transitions), la confiance dans la main (sens du contact : toujours vers l’avant et vers le bas).

4 – L’impulsion

  • L’expression et le brillant, cette petite étincelle qui fait qu’un cheval attire davantage l’oeil qu’un autre, sont plus présents au naturels chez certains chevaux, mais ils se travaillent aussi.
  • L’impulsion n’a rien à voir avec l’excitation ou les mouvements désordonnés ou fabriqués.
  • Pour envisager de développer l’impulsion, il faut que le cheval soit parfaitement respectueux des aides et dans un équilibre suffisant sous la selle.
  • Tout cheval, quelle que soit sa discipline ou son usage, doit se déplacer avec de l’énergie, doit avoir une envie irrépressible d’aller en avant. D’abord parce que c’est seulement à cette condition qu’un cheval de balade a le pied sûr. Mais aussi pour son confort et celui du cavalier, car quoi de pire qu’un cheval que l’on doit pousser en avant continuellement ?
  • La sous-impulsion du cheval a des conséquences sur sa locomotion et son équilibre : cheval sur les épaules, peu maniable, inconfortable.

Les bases pour développer l’impulsion :

  • Il faut d’abord chercher une allure de base suffisamment énergique et un cheval calme.
  • Le cheval rapide doit apprendre à accepter d’être lent, et vice versa.

Le travail du pas est essentiel pour équilibrer le cheval et lui enseigner la finesse aux aides. Le pas rênes longues :

  • Le pas rênes longues est à la fois une récompense pour le cheval et un excellent exercice pour son dos.
  • Échauffement idéal en début de séance : pas rênes longues en extérieur et passage de cavalettis au pas.
  • Rênes longues, il faut rechercher un pas ample, avec un cheval qui gagne du terrain
  • Le cheval ne doit pas précipiter. Pour lui faire passer cette habitude, lui demander de tourner chaque fois qu’il se met à précipiter.

Dans le pas en main et le pas rassembler, on peut ralentir à l’extrême sans risque d’éteindre l’impulsion tant qu’on garde la sensation que si un départ au trot est demandé, ce départ sera immédiat et franc.

Pour sensibiliser le cheval aux aides, il faut commencer par une demande très légère et, si aucune réponse ne vient, continuer en renforçant progressivement l’action. Avec le temps, le cheval répondra de plus en plus tôt, sachant ce qui va arriver. Il réagira bientôt aux aides les plus fines et les plus légères.

Pour apprendre au cheval à maintenir son allure sans l’entretenir continuellement, il faut 1. apprendre à ne rien faire quand le cheval fait bien, 2. réagir vite quand un ralentissement se fait sentir.

5 – Le travail spécifique du galop

« Mais avant d’entamer tout travail au galop proprement dit, il est primordial que le cheval effectue des départs corrects et surtout sans raidir ou creuser son dos ni précipiter son trot. »

Travailler les départs au galop, c’est travailler le galop, car de la qualité de la transition dépendra la qualité et l’équilibre de l’allure.

Ensuite, pour contrôler le galop, il ne faut pas ralentir l’allure, mais plutôt chercher à la raccourcir. Ralentir le galop, c’est risquer de raidir le cheval et creuser son dos. Il faut donc envisager le travail du galop comme une amélioration de l’équilibre sans perte d’énergie, et en contrôlant la taille des foulées.

Dans ce dernier chapitre sur le galop, Pierre Beaupère effectue une aparté passionnante sur l’importance des images mentales. En quelques idées clés :

  • Monter à cheval, c’est sentir – il faut apprendre à sentir, ressentir et à mettre de côté le raisonnement et la théorie
  • Il n’est pas rare que le cavalier se crispe dans l’anticipation d’un exercice raté. Il lui faut prendre conscience de cette image mentale négative qui survient automatiquement et parvenir à la remplacer.

Notes et réflexions

J’avoue avoir froncé les sourcils en découvrant que le livre comprenait aussi bien des exercices pour débutant que pour cavalier avancé. Un ouvrage qui s’adresse à tout le monde ? un peu ambitieux, non ? Eh bien, j’ai été bluffée par cette première partie sur l’Equilibre. Les principes de base et les exercices sont extrêmement bien expliqués, et le cavalier débutant mais passionné tirera profit de découvrir ce qui peut l’attendre par la suite. Le cavalier plus avancé trouvera sans doute rafraîchissant ce rappel pédagogique des fondements et trouvera également de nombreuses pistes pour résoudre ses problèmes courants.

Comment j’utilise le livre « Equilibre et rectitude »

Je ne l’ai pas depuis si longtemps que cela, mais il a rejoint bien vite la pile des « livres de chevet », cette petite liste d’ouvrage dans lesquels je reviens fouiller quand j’ai un problème équestre à résoudre.

J’ai également intégré à ma routine de séance le petit exercice que je vous partage ci-après :

En pratique

Parmi toute la « trousse à outils » proposée par Pierre, que choisir de mettre en pratique en premier ? Il y a un exercice qui m’a beaucoup marqué et que j’ai adopté aussitôt après l’avoir découvert dans le livre. Pierre Beaupère affirme que la position se travaille toute une vie, et aussi qu’il faut travailler de manière à ce que la position correcte devienne automatique. Pour cela, il recommande de travailler la position correcte (à partir d’une checklist à mémoriser) au pas 5 minutes en début de séance, et 5 minutes en fin de séance.

Où se procurer le livre « Equilibre et Rectitude » ?

Le livre est disponible à la vente en version papier (45€) ou en version numérique (29€) sur la boutique du site de Pierre Beaupère. On y trouve également une série de DVDs destinés à accompagner le livre (à l’heure où j’écris ces mots, seul le DVD du premier chapitre est sorti).

Crédit photo : Pierre Beaupère photographié par Céline Brabant

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2 réponses à “Pierre Beaupère : Equilibre”

    • Avec plaisir ^^ mais merci à Pierre Beaupère surtout. Et la partie sur la rectitude est passionnante, si tu aimes le dressage tu ne seras pas déçue 😀

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